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Maurice Ronet:

 Entre un homme et une femme, il y a toujours un bref moment, qu’on peut appeler amour

 Il est un des grands séducteurs de l’écran. Depuis quinze ans, au cours d’une quarantaine de films, il a tenu dans ses bras les plus belles, les plus capiteuses comediennes, celles dont rêvent inconsciemment tous les spectateurs. Parmi elles, Jeanne Moreau, Anna Karina, Françoise Prévost, Marie Laforêt, Jean Seberg, Marina Vlady, Annie Girardot, Alexandra Stewart… Maurice Ronet est-il dans la vie, le Don Juan, l’homme à femmes que le cinema nous a habitués à voir en lui?

 

Je l’ai rencontré á Paris, dans son appartement de l’avenue Montaigne. Il était en plein travail, son bureau jonché de documents et de manuscrits. Il a une activité débordante, il est à la fois acteur, metteur en scène, peintre, écrivain. Entre deux films – il vient de terminer "La femme infidèle” et commence "La piscine” – il met la dernière main à l’adaptation du film qu’il doit réaliser au début de l’année prochaine, "Bartleby l’écrivain”, tiré d’une nouvelle d’Herman Melville.

 

— Ma vie privée, comme celle de tout le monde, est intimement liée à ma vie professionnelle, dit-il. J’ai l’impression, après vingt ans de cinema, d’être à un tournant. Déjà, dans "Les Oiseaux vont mourir au Pérou”, je sens l’amorce d’un nouveau personnage; en plus, j’ai tourné deux comedies, "Le Diable sous l’Oreiller”, avec Ingrid Thulin, et "How Sweet it is”, à Los Angeles, avec Debbie Reynolds. Cela m’a beaucoup amusé de changer ainsi de personnage.

 

JE SUIS FASCINE PAR LES FEMMES

 

— Votre reputation de séducteur, d’homme à femmes, est-elle une légende?

— Je ne sais pas si je suis un homme à femmes, mais ce que je peux affirmer, c’est que j’ai pour les femmes une veritable fascination. Les femmes détiennent un certain nombre de mystères qui m’attirent et me passionnent. Mais je ne suis pas un professionnel de la séduction, loin de là.

— Quand vous avez une soirée libre, aimez-vous draguer?

Maurice sourit. L’image que le mot évoque en lui l’amuse visiblement.

— Pas du tout. Je ne suis pas de ceux qui considèrent l’amour comme un sport, mais comme une chose très sérieuse.

— Lorsque vous avez cessé d’aimer, revoyez-vous vos anciennes maîtresses?

— J’aime beaucoup revoir les dames qui ont compté dans ma vie. A part une ou deux, avec lesquelles il n’y avait plus de dialogue possible. Pour les autres, il reste toujours une certaine complicité de ce qui s’est passé et qui, jamais, ne peut être complètement effacé. Les attitudes, les gestes, les mots, les regards, tous les actes quotidiens de l’amour, comment pourrait-on imaginer que, du jour au lendemain, cela n’existe plus?

 

JE SUIS JALOUX DE L’AMOUR PASSE 

 

— Etes-vous jaloux?

— Oui, et j’ai une forme de la jalousie très spéciale. Je suis beaucoup plus jaloux du passé que du présent. Parce que je sais que quelqu’un, avant moi, a fait les mêmes gestes, a dit les mêmes mots à la personne que j’aime, c’est une chose qui m’échappe complètement et qui, par cela même, me torture. Si un fait donné suscite ma jalousie dans le présent, je peux encore prendre ma part de responsabilité, pour le passé, je suis impuissant.

— Chaque être humain a des reactions différentes dans le domaine de l’amour. Que fait celui qui est trompé, trahi par l’être dans lequel il a mis toute sa confiance? Indifférence, désespoir, colère, pardon, désir de vengeance? Toute une gamme de sentiments peut apparaître selon le caractère profond de chacun. Maurice Ronet est catégorique. C’est une idée qui lui est absolument intolérable. Trahison égale rupture.

— Il ne saurait être question de pardon, affirme-t-il. La situation est déjà tellement précaire entre un homme et une femme, si en outre, il y a tromperie, on ne peut raisonnablement l’accepter. Il ne faut pas jouer avec la chose la plus importante qui puisse exister entre deux êtres.

— Aimez-vous vous disperser, changer de partenaire?

— Non, je suis très fidèle. J’ai peut-être la bougeotte, mais pas en amour.

 

DE FUGITIVES SILHOUETTES DE FEMMES...

 

Il est vrai que Maurice Ronet ne tient pas en place. C’est un grand voyageur. Quand il n’est pas à Paris, ou à l’étranger pour les besoins d’un film, il court se réfugier dans sa maison de Bonnieux, dans le Vaucluse, qu’il achève à peine de construire. Et si à Paris, il manie la plume, dans sa campagne, c’est la truelle ou la tondeuse car cette grande demeure un peu austère, il l’a en partie érigée de ses mains. C’est lui qui en a dessiné les plans, qui en a fait venir les matériaux, il en a été l’architecte, le maçon, le plombier, le jardinier, l’horticulteur. De l’ancienne ferme en ruines, il a conservé certains pans de mur, une mangeoire, un abreuvoir, qui gardent à la maison son caractère vieillot et ce charme indéfinissable des vestiges du passé. Notre homme est un romantique.

Son univers est peuplé de souvenirs d’enfance et de jeunesse, souvenirs d’amour, silhouettes fugitives de femmes.

— Etant comédien, vous êtes plus facilement amené à nouer des intrigues avec des comediennes?

— Certes, mais le fait de tourner ensemble des scènes d’amour n’a rien à voir avec les sentiments que l’on peut éprouver pour sa partenaire. Ce n’est parce que j’aurai une sequence voluptueuse avec l’une d’elle que j’en tomberai amoureux. J’ai tout simplement plus d’occasions d’entrer en contact avec des actrices qu’avec des femmes de notaires ou d’avocats.

 

MES AMOURS AVEC DES COMEDIENNES

 

— Pouvez-vous me dire quelles ont été vos conquêtes dans le domaine du cinema?

— Non, je pourrais difficilement le faire.

— Eh bien, c’est moi qui vais vous poser des questions précises. Vous répondez par oui ou non.

— Comme cela, d’accord.

— Anouk Aimée?

— Oui.

— Anna Karina?

— Oui. Et j’ajouterai que ma première femme était Maria Pacôme. En fait, avec les comédiennes que j’ai connues, je n’ai pas eu des rapports d’acteur à actrice, mais d’homme à femme. Avec, en même temps une sorte de complicité, parce que nous faisions le même métier et qu’elles cherchaient sans doute la même chose que moi.

— Et avec les étrangères?

— Je n’ai jamais eu de liaison avec une actrice étrangère.

— Etes-vous capable de posséder une femme sans l’aimer, avec un simple désir charnel?

— Je ne crois pas, car il y a toujours un moment, ne fût-ce qu’une seconde, qui s’appelle de l’amour. Il y a dans la vie d’un Don Juan, d’un Casanova, encore qu’ils soient à l’opposé l’un de l’autre, l’un étant extraverti, et l’autre introverti, une recherche profonde de l’amour, et également, une certaine impuissance à le trouver. D’ailleurs, ne dit-on pas que les hommes qui changent souvent de femmes, sont plus ou moins impuissants?

— Ce n’est pas votre cas, puisque vous n’avez pas le goût du changement. Dites-moi, aimeriez-vous remarier?

— Je suis tout à fait disposé à le faire. C’est-à-dire que je cherche la femme de ma vie. Je l’ai trouvée deux fois, mais cela n’a pas marché.

En énonçant ce paradoxe, Maurice Ronet ne peut se retenir d’un grand éclat de rire. Mais, tout de suite après, le regard reprend son sérieux:

— Je suis parfaitement capable d’aimer une seule et même femme pour la vie. A partir du moment où c’est chaque jour un renouvellement.

— Peut-il y avoir renouvellement au bout d’un certain nombre d’années?

— Je ne sais pas. Je suppose que cela doit exister. Fonder un foyer, avor des enfants, c’est mon rêve secret, mais j’ai l’impression que maintenant c’est un peu tard. J’ai quarante ans. A la vitesse où vont les choses, on est sexagénaire quand les enfants atteignent leur majorité. C’est un peu ennuyeux.

 

PAS DE DISCRIMINATION SEXUELLE

 

— Pouvez-vous avoir des rapports amoureux avec n’importe quel genre de femmes?

— Certainement, dans la mesure où elles me plaisent. Avec cette différence, toutefois, que si je m’adresse à une actrice, je sais qu’elle comprendra des tas de choses plus facilement que d’autres. Les rapports, sur un certain plan, seront plus profonds et plus immédiats, que si je m’adresse à un autre genre de femme, que ce soit une femme du monde, une dactylo, une vendeuse.

— Et même une professionnelle de l’amour?

— Mais bien sûr! Je ne suis pas de ces hypocrites qui prétendent n’être jamais allés dans une maison close et n’avoir jamais couché avec une fille de trottoir. Il y a des rapports avec ce genre de femmes qui peuvent être très étroits.

— Avez-vous souffert par amour?

— Oui, j’ai eu des moments difficiles, en particulier lorsque je voyais les relations que j’avais nouées avec une dame se désagréger peu à peu, pour rien, pour des malentendus ridicules, et non par saturation. Et c’est horrible de s’apercevoir que quelque chose qu’on a construit et qui était apparemment solide, devient un château de sable, tout d’un coup. Du jour au lendemain, tout s’écroule et tous les gestes, tous les mots qui étaient si familiers au couple se retournent contre lui et deviennent un dialogue de sourds. C’est pour moi la plus grande épreuve en amour. Et c’est autant plus pénible qu’on est séparés par des motifs absolument futiles.

— Comment réagissez-vous devant le scandale dans le domaine sentimental?

— Je ne l’accepte pas, mais je ne peux rien contre cela. Je dois dire que je n’ai jamais eu à en souffrir beaucoup. On n’a jamais été très méchant à mon égard. Tout ce qu’on a dit sur ma vie privée était à peu près exact. D’ailleurs, comme j’ai une vie privée sans scandale, je ne vois pas pourquoi je serais la cible des journalistes, comme certains autres comédiens.

— D’ailleurs, vous avez eu le prix Orange, ce qui est un gage de gentillesse et de cooperation. En dehors de votre activité amoureuse, vous avez une intense activité professionnelle. Avez-vous le temps de prendre quelques vacances?

— A mon départ de Los Angeles, où j’avais tourné  "How sweet it is”, j’ai fait un voyage extraordinaire autour du monde. Je suis revenu par Manille, Honolulu, Saigon, Singapour, Java, Sumatra. Je suis resté près de deux mois absent.

— Vous avez du rencontrer des femmes merveilleuses?

— Oui, de toutes les couleurs!

Jacques BAROCHE.

© Cine-revue N 35 du 29.08.68


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